Bah, ce sera du live, encore...
La version Keilberth de 54, avec Ramon Vinay, est assez étonnante. C'est la version Dresden (avec donc une ouverture interminable). L'orchestre est strictement dirigé, emporté quand il faut comme il faut, mais souffre encore une fois de la prise de son de l'époque - même si c'est bien mieux que pour les Ring de 53 ou 54.
Vinay est assez impressionnant. Pas de poésie dans ce personnage, mais une incarnation purement matérialiste, noire, dure. Cela tend sacrément le duo avec Venus (je ne me souviens plus qui tient le rôle), mais surtout tranche incroyablement avec Elisabeth (Gré Brouwestijn) et surtout Wolfram (Fisher-Dieskau, au meilleur de sa forme), magnifiques de lumière.
Une version très spéciale, mais en tout cas on ne doute pas un instant du caractère "pêcheur" de Heinrich.
En Tannhaüser du Neu Bayreuth, on peut préférer Windgassen. On le trouvera dans deux versions.
La première est celle de Cluytens en 55 : avec Brouwestijn et Fisher-Dieskau encore, c'est du tout bon à tous les étages. Wolfgang est en plus en assez bonne forme (même s'il ne prend pas beaucoup de risque). En plus, le son est très bon !
Avec Sawallisch en 62, ça redevient très folklorique : Windgassen joue un Tannhaüser fatigué, lassé (en fait, c'est sa voix qui l'est, mais il sait y faire). A ses côtés, c'est le triomphe du Neu Bayreuth théatral : Silja en Elisabeth, Waechter (première période) en Wolfram, on y perd en chant, mais on y gagne en énergie.
Assez surprenant (les deux versions précédentes me semblent toutefois préférables).
Après, j'ai du mal. Le Solti de 70, c'est grandiose à l'orchestre, flamboyant avec la Venus de Ludwig, mais Kollo et Dernesch, tout en étant encore convaincants, n'impressionnent guère. Le Wolfram est tellement pâle quant à lui que je n'ai même pas souvenir de son nom. Mais bon, quitte à n'avoir qu'une version, mieux vaut peut-être celle-ci, ça évite les mauvaises surprises.
Encore après... je ne saurais plus dire.
Avant, on a quelques versions perdues dans les brumes du Met des années 30 - avec Melchior, ahurissant dans ce rôle à l'acte 3 - et même une version Bayreuth d'Elmendorff (en fait Toscanini, si ce caractériel n'avait pas claqué la porte) de 1930, de grand style - même si le ténor n'est pas au niveau de ses partenaires - et audible malgré l'époque lointaine.